Wednesday, February 8, 2017

Preface to French Poetry Collection




Avant Propos

Ce recueil aurait pu être intitulé La croisée des chemins: être Anglophone ou Francophonisé? Mais aux fins de ne pas être réducteur ou encore myope avec un problème d’ordre universel que régional, Bill F. Ndi a choisi d’universaliser ce problème d’Anglophones au Cameroun dont les compatriotes francophones en voudraient faire de la polémique toute en le tribalisant et en le concevant comme le fait le monde occidental pour ce qui est de la contribution de Noirs dans l’histoire de l’humanité. Pour l’occident, le Noir n’a rien apporté comme contribution à l’humanité comme pour le francophone Camerounais, depuis Sardou Daoudou, l’anglophone n’a rien apporté à l’union ou encore l’histoire de l’anglophone au Cameroun ne peut être comprise que dans l’optique de l’unité nationale, c’est-à-dire l’histoire du Cameroun francophone ou encore La République du Cameroun comme le pays fut connu à « l’indépendance ». Pour ce poète, que le francophone au Cameroun soit d’accord ou pas, l’histoire, prise comme témoin, met en exergue ce mariage forcé ou la femme (l’Anglophone) en a marre et voudrait tirer sa révérence alors que le brute de mari, qui ayant passé tout son temps à tyranniser la femme, signe et persiste que l’union est légitime. Ce recueil en français est une invitation au dialogue conciliatoire, dépourvu de toute diabolisation, en dépit de ce que le poète conçoit comme la mauvaise foi de francophone, quel qu’il soit, lorsqu’il traite le cas anglophone à la même échelle que le cas Bamiléké ou encore Fang, Béti, Bulu, etc. il s’agit ici des pleurs en la langue du tyran et ses acolytes pour qu’ils n’aient pas d’excuses pour prétexter de ne pas comprendre « le Biafrais, l’anglo, le Bamenda, ou encore l’ennemi dans la maison… » Ces épithètes sont les plus souvent attribuées aux anglophones du Cameroun.

Les 82 poèmes de ce recueil visent tout tyran comme l’imposture du francophone camerounais qui refuse de regarder ses pairs (les anglophones) en face et d’admettre leur humanité et leur droit de choisir. D’ailleurs, l’un des chanteurs Camerounais les plus engagé et d’illustre mémoire aurait posé une question très simple dans l’un de ses morceaux où il présentait une situation où il se serait entré en relation avec une personne et quand il voudrait s’en séparer, cette dernière ne voulait pas lui laisser le choix de se quitter comme il en avait au départ pour nouer la relation. Il s’agit ici de Lambo Pierre Roger, alias Lapiro de Mbanga. Il chantait : «  na me a be fan am oh baby, if I talk sey a norh want am again, na wetin be the problem? Tell me oh! » Ayant constaté que l’union ne marche pas, comme l’anglophone qui serait à l’origine de l’union avec son frère francophone de la République du Cameroun, Lapiro pose une question de pointe : « si je vous dis que je n’en veux plus maintenant d’où vient le problème ? Dit le moi oh ! » Ce qui est d’autant plus étonnant c’est que le Camerounais francophone à sa place du maître d’esclave reçoit le désir d’autonomie de ces anglophones, les lésés des indépendances, avec le chant de pays uni et indivisible alors que l’histoire en témoigne autrement. Bien plus, il parle de la sécession alors qu’il s’agit simplement de demande d’autonomie. Quel que soit le cas, ce recueil n’est autre qu’un appel au dialogue qui permettrait aux deux frères de bien comprendre le fond des problèmes qui freinent tout progrès et les minent. Ainsi l’un ne se verrait plus octroyé le droit divin de gestion d’un patrimoine fédéral au profit d’un poigné de filous corrompus.

Comme souligné plus haut ce problème qui semble être camerounais prend une tournée universelle lorsque la situation des anglophones au Cameroun miroitent celle de noirs aux États-Unis avec le mouvement contemporain de « Black Lives Matter » ou encore, la vie de noirs compte. Bien que cette thématique se soit abordée par d’autres écrivains anglophones tels Victor Épié Ngome, l’auteur de What God Has Put Asunder, ce recueil évite de s’engager dans un dialogue des sourds avec un oppresseur qui dirait ne rien comprendre en une langue qui n’est pas sienne. Même avec mil ans d’atmosphère envenimée, le dialogue est toujours possible si l’oppresseur accepte de reconnaître l’humanité de l’opprimé. Ce recueil de Bill F. Ndi constitue de résolutions imaginaires des contradictions socio-psychologique ainsi que politico-économique.

Pour finir, écoutez parler chaque mot, chaque vers, et primez la raison à l’émotion bien qu’il vous la faut pour mieux saisir cet objet esthétique dépeignant l’enfer dans lequel vous faites brûler une partie de l’humanité, en l’occurrence les anglophones du Cameroun ou encore les noirs partout ailleurs dans le monde. Sartre n’avait-il pas raison de chercher à savoir pourquoi écrire ? N’est-ce pas disait-il que « chacun a ses raisons : pour celui-ci, l’art est une fuite ; pour celui-là un moyen de conquérir. […] on peut conquérir par les armes. » ? Et n’ayant point écrit pour prendre fuite ni pour conquérir par des armes, ce recueil fait soigneusement usage des mots pour l’image des maux qu’ils sculptent quitte à troubler lecteur. Car le poète qui ne peut ni appeler la laideur par son nom ni l’enjoliver avec la douceur de mots qui frappent, devrait reconsidérer sa vocation poétique. Bref, la mission poétique est d’enlaidir la beauté de l’oppression selon oppresseur. Le poète, Bill F. Ndi, dans ce recueil, l’accomplit avec finesse.


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